SOOLS
Avec la fin du premier conflit mondial et l’avènement des « années folles », l’industrie de la casquette prend un nouvel élan. Comme dans des nombreux autres pays d’Europe et d’Amérique, la société des loisirs se développe rapidement, créant une demande particulière de la part de la gente masculine aisée qui redoute encore de sortir tête nue. La casquette, autrefois associée aux couches populaires de la société ou à un élément de tenue professionnelle, devient un accessoire de mode raffiné.
Les entreprises de production de casquettes étaient en très grande majorité installées dans le quartier historique du Marais qui accueillait depuis la seconde moitié du 19ème siècle de nombreux migrants juifs d’Europe, faisant du coeur de ce quartier un quasi ghetto que les habitants avaient eux-même baptisé du nom de « Pletzl » (mot yiddish signifiant petit place). C’est au coeur de ce quartier qu’est donc logiquement installée la fabrique de casquettes des frères Charles et Maurice Solinski, au 17 de la rue Vieille du Temple pour être précis.
Les deux frères se sont cependant démarqué du lot en créant une marque de chapeaux et de casquettes au nom fortement anglo-saxon et qui suggère les prémisses de la fascination qu’exercera l’Amérique sur les sociétés européennes dont les soldats stationnés à la fin de la première guerre mondiale seront les premiers ambassadeurs. Cette marque de couvre-chef est donc SOOLS. Si on ne trouve nulle explication concrète sur l’origine du nom, on peut s’amuser à imaginer que les frères Maurice et Charles ont contracté leur nom de Solinski en Sol, doublant le O pour faire plus américain et y adjoignant un S pour faire plus commercial. Leur attirance supposée pour l’Amérique les conduira même jusqu’à devenir les distributeurs exclusifs des chapeaux Stetson en France.
Leur activité commerciale s’est à ce point développée qu’ils font construire en 1925 un bâtiment neuf pour accueillir leurs nouveaux ateliers. C’est Georges Pradelle, architecte en vue dans la capitale, qui réalise ce bâtiment dans le plus pur style art déco. Ce bâtiment situé au 58 rue du Roi de Sicile est une affirmation de la santé de l’entreprise et de l’encrage de la maison Sools dans la modernité de son époque. En plus de ce siège, perçu comme futuriste par les résidants du quartier, la maison Sools se targue dans ses publicités de détenir pas moins de douze points de vente dans la capitale dans les années 20. L’une de ces boutiques était située à l’angle des rues de Turenne et St Antoine.
